J’AURAIS VOULU ETRE UN CHIEN (Patrick Templé)
J’aurais voulu être un chien
Pour être aimé des chiennes
Et pour que ma maîtresse,
En laisse, me promène.
J’aurais voulu être un chien
Pour abriter des puces
Et pouvoir me gratter
Le long des abris bus.
J’aurais voulu être un chien
Fidèle et caressé
Et entre deux festins
Dormir ou m’amuser.
J’comprends pas les humains
Mais après quoi courent-ils
De quoi s’ra fait demain
Rien de plus inutile.
Croyez-vous que les chiens
Se pose la question
J’aurais voulu être un chien
Plutôt qu’un pauvre con.
J’aurais voulu être un chien
Pour berger des alpages
Et aboyer au train
Des bêleurs en lainage.
J’aurais voulu être un chien
Près d’un feu d’cheminée
Dormant repus et plein
De rêves d’os à ronger.
J’aurais voulu être un chien
Dans ce monde de fous
On en prend bien plus soin
Qu’la plupart d’entre nous
Pas d’factures à payer,
De voiture à réparer,
Pas de supermarchés,
De crédits à rembourser,
Pas de plan de carrière,
Pas de coup par derrière,
D’orgasmes qu’on simule,
De bourgeois ridicules ;
J’aurais voulu être un chien
Bâtard de préférence
Car mélanger les gènes
Relève du bon sens.
C’est bien une idée d’homme
De faire des dogues allemands
Des bergers écossais
Des épagneuls bretons
Mais depuis ce matin
Je ne suis plus un être humain
Je suis devenu enfin,
Un être chien.