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Elle songe à être nue (Patrick Templé, septembre 2009, fini en 2010)
Elle songe à être nue,
Le cou tendu, le regard vide,
L’altière attente d’une vestale sans la vertu.
Ses pieds sombres et durs
Ont déjà foulé la misère.
Oh! Pas la misère qui fait crever dans la rue, Non!
Plutôt la misère architecte d’une vie bête et cornue.
Elle songe à être nue,
A se délivrer en confiance
Pour un amour sans retenue,
A épouser les formes sages d’un nouveau territoire
Jusqu’alors inconnu.
L’amour est son désir sans équivoque,
Son tout dernier œuf à la coque,
Sa cigarette du condamné:
L’amour pour pas crever.
Elle songe à être nue,
Débarrassée de tout tissu,
Habillée des reflets et des ombres
Au milieu des arbres séculaires.
Pas une trace de ses pas
Ne subsiste sur l’humus humide et chaud
De sa forêt imaginaire.
Pourquoi n’y avait-elle pas songé avant?
Nue, au milieu de milliers d’arbres!
Lequel choisir?
Lequel à qui s’abandonner?
Ou bien trouver une clairière
Et laisser la lumière choisir pour elle.
Son amour serait une âme simple et décisive:
Un chêne, un érable, un frêne, un peuplier.
Troublé par sa quête,
Il répandrait le vent de ses ramures
Sur sa nuque, pour soulever ses cheveux
Et soulager son âme d’un fardeau aguerri.
Elle songe à être nue.
Entièrement nue. Totalement nue.
La voix qu’elle a perçue est rude et douce.
C’est cette voix qu’elle attend.
La voix d’un arbre dont la cime vertigineuse
La trouble, la rassure, l’exalte.
Elle convie cette voix à rester en elle,
A se souvenir d’elle,
Même quand elle ne sera plus.
La voilà cette voix qui s’approche,
Elle entend son souffle, sa respiration,
Elle ressent sa chaleur.
Cette voix se tait, la parcourt, la recouvre,
La révèle aux senteurs lourdes et sauvages.
La forêt tourne autour d’elle, en tous sens.
Les nuages accélèrent.
Elle est fondamentalement nue.
Elle aime à être nue.
Plus rien ne sera comme avant.